La crise sanitaire l’a largement démontré, à domicile comme en établissement, le vrai fléau n’est pas la perte d’autonomie des personnes âgées accompagnées, mais la perte de citoyenneté et les risques d’isolement qui y sont associés.
Des enjeux primordiaux d’ailleurs intégrés au nouveau dispositif d’évaluation de la qualité des ESSMS, au travers de plusieurs objectifs et critères portant par exemple sur la participation de la personne à la vie sociale en EHPAD.
Composant essentiel du projet d’établissement, le projet de vie et d’animation en EHPAD permet justement, avec le projet de soins et en cohérence avec le projet personnalisé, d’accompagner les résidents dans toutes leurs dimensions d’êtres humains.
1. Citoyenneté et qualité de vie des personnes âgées
Dans leur nouveau lieu de vie qu’est l’EHPAD, la vie sociale est un aspect essentiel du quotidien des résidents. Le projet de vie et d’animation permet, de manière individuelle et collective, de répondre aux souhaits et envies des personnes, dans le respect de leurs habitudes et histoires de vie.
Enrichir et exploiter au maximum le recueil des données personnelles permet de :
- Construire et alimenter le projet de vie et d’animation de l’EHPAD autour des attentes individuelles et collectives de ses habitants
- Apporter les réponses les plus personnalisées possibles à ces attentes
- Dépasser la notion de degré d’autonomie et proposer une réelle suite au parcours de vie de la personne, lui permettant de conserver toute son individualité et son pouvoir décisionnel.
Cette démarche peut amener à développer des objectifs précis dans le projet d’établissement, par exemple sur l’appropriation de l’espace par les résidents, leur mobilisation dans l’animation des activités et actions de la vie quotidienne, le développement de partenariats avec le tissu associatif local, etc.
Outre le fait de venir considérer ses choix, faire participer le résident à l’élaboration et au déploiement du projet de vie et d’animation renforce le sentiment d’utilité de la personne, pleinement intégrée à la vie de l’établissement.
2. Le soin au service de la vie
Un projet de vie et d’animation qui à la fois favorise les capacités préservées des personnes et répond à leurs souhaits et attentes a, de fait, une forte visée thérapeutique, grâce aux impacts positifs visibles sur la satisfaction, le moral, l’estime de soi, l’épanouissement et la qualité de vie.
Tout professionnel travaillant en situation d’accompagnement et de soins auprès du résident peut ainsi mettre en œuvre des animations adaptées dans les soins et les actes de la vie quotidienne, afin de faire que chaque acte de soin et instant de la vie quotidienne du résident soit un moment d’animation.
L’animation devient un soin à part entière. Citons à titre d’exemples :
- Les activités psychomotrices pour maintenir les capacités motrices et les fonctions exécutives du résident dans les actes de soins et de la vie quotidienne : habillage, repas, soins, coucher, etc. ;
- Les activités à intégrer auprès du résident lors des soins du matin pour faciliter le dérouillage matinal, maintenir les amplitudes articulaires et tonifier les muscles ;
- Les différents outils de médiation en fonction de la stimulation visée.
Toutes ces activités viennent renforcer le sentiment de bien-être et permettent de ne pas réduire la personne à un simple objet de soin. Le soin se met au service de la vie, au rythme des temps clés du quotidien des résidents.
3. Qualité de vie au travail et attractivité des métiers
La place centrale donnée au projet de vie et d’animation, en lien bien sûr avec le projet de soins personnalisé, induit un changement dans l’organisation du travail des équipes et l’optimisation des processus organisationnels de l’EHPAD, afin que l’organisation s’adapte aux attentes des personnes et non l’inverse.
Il s’agit de redonner aux professionnels du temps pour un accompagnement et des soins de qualité, du temps pour que l’exécution de la tâche puisse pleinement intégrer la relation sociale, du temps pour se former et développer de nouvelles compétences portant par exemple sur l’humanisation des soins ou la mise en œuvre de techniques relationnelles adaptées sortant du cadre technique.
Les soins dits relationnels permettent à la fois de rendre le « moment soin » plus agréable pour la personne âgée et valoriser l’accompagnement du soignant.
Même si cela semble difficile dans le contexte économique et social actuel extrêmement tendu pour le secteur médico-social, l’enjeu est crucial pour que les professionnels retrouvent du sens à leur mission et voient leurs conditions de travail améliorées ; premiers critères d’attractivité pour les salariés.
L’attractivité des métiers et des EHPAD s’en trouve indubitablement et positivement impacté tout comme la qualité globale de l’accompagnement et, in fine, la qualité de vie des personnes âgées.